« Quatre-vingt-dix degrés est la première production de mon doctorat basé sur la pratique créatrice, qui trait de la masculinité blanche italienne en crise au moyen des arts visuels et de la performance.

Quatre-vingt-dix degrés est une performance solo qui déconstruit et étudie un ensemble de gestes connus en Italie comme une « novanta ». Ces modèles de mouvements et d’expressions faciales sont généralement exécutés par un homme qui imite les rapports sexuels « en levrette ». Au cours de la performance, j’examine comment différentes formes de subjugation et de violence, ainsi que de fragilité et d’instabilité, sont inscrits dans ces gestes normalisés chez de nombreux hommes italiens, afin de remettre en question certains narratifs de la masculinité.

La « novanta » est souvent utilisée par les hommes italiens des classes moyennes inférieures pour affirmer qu’ils ont réussi à avoir des rapports sexuels dans la position de la levrette, ou qu’ils envisagent d’avoir des rapports sexuels dans cette position avec une femme. Cet ensemble de gestes peut également être utilisé pour émasculer un autre homme en lui montrant qu’il a échoué, par exemple, que sa petite amie le trompe, ou que le patron n’a aucun respect pour lui. La perfomance A Novanta explore plusieurs aspects spécifiques de la masculinité italienne traditionnelle, en particulier la façon dont les hommes italiens gèrent leur anxiété liée à la performance, comment ils ajustent leur besoin de contrôle sur les femmes, et comment la rhétorique nationaliste est entrelacée avec la performance sexuelle dans le contexte de la masculinité blanche soi-disant en crise. En raison du mouvement #metoo, ce geste est rarement utilisé en public parce qu’il est considéré comme grossier, mais il survit dans des situations privées et est encore très répandu. L’expression « a novanta » se retrouve sur les médias sociaux parmi les définitions de l’incitation à la haine. »

Nicolas Genovese

Cette performance est une proposition d’Andrea Marioni et espace libre, dans le contexte de l’exposition de Nicola Genovese et David Knuckney, Artmangeddon, à espace libre (19.2 – 8.3.2020).